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Départ du vieux port à Marseille le 4 septembre
2002
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La lune de miel aux Baléares de
Marc & Laetitia Cicero
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Croisière aux
Baléares et cabotage vers Gibraltar
·
Tanger
·
Traversée des Canaries à Nouhadibou
·
Croisière dans le parc national du banc d’Arguin
·
Traversée du Banc d’Arguin à Dakar
·
Le delta du Saloum et la route des
fleuves jusqu’à Banjul
·
Banjul
·
Remontée du fleuve Gambie de Banjul à Georgetown (Janjanbureh)
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Afrique, Afrique, Afrique...
Après de longs mois de préparation du bateau dans la chaleur provençale. C’est enfin le jour du grand départ pour Marie et moi à bord de Chaka. Pour ce grand départ, Marc & Laetitia nous accompagnent jusqu’aux Baléares.
Quelle sensation étrange !!! Le vieux rêve devient réel. Tout le monde est là, amis, famille… un grand au revoir et à bientôt.
Mon fils Nicolas nous rejoindra sans doute l’été prochain. Ces 15 ans le poussent à choisir une vie terrienne avec ses ami(e)s. Il fera parti du voyage au fond de nos cœurs et dans nos pensées.
Après une première journée de navigation tranquille, notre premier coup de vent nous porte jusqu’à Minorque par une mer forte et un Mistral de 40 à 45 nœuds. Quelques grosses déferlantes. L’équipage est un peu éprouvé.
Deux jours de mouillage dans la calanque de Fornels. Visite de la ville ou nous prenons notre premier pot espagnol. Le soir petit repas des «novis», comme prévu : foie gras, excellente bouteille du domaine de Lunard… Marc nous prépare des lignes pour nos futures pêches miraculeuses.
Puis départ pour la superbe calanque de Pradonga ou les maisons sont intégrés à la roche. Très beau mouillage.
Entrée au petit port de Ciutadella le 08 septembre. Marc nous pêche 6 beaux poissons pour l’apéro. Le soir venu, sortie tapas et club salsa ou on goutte au très bon Gin local.
Le lendemain, départ pour Majorque sous spi. Mouillage dans la calanque de Mitjana. Magnifique ! Les plantes grasses tombent jusque dans la mer.
Arrivée à Palma de Majorque le mardi 10 septembre. Port très beau et très cher. Vieille ville très agréable avec d’innombrables restos tapas. Le lendemain Marc et Laetitia embarquent sur le ferry direction Barcelone puis leur Home doux Home.
Nous leur souhaitons milles vœux de bonheur, beaucoup d’enfants, des tas de tubes pour notre pianiste préféré. Si vous croisez un de ces disques n’hésitez surtout pas… c’est excellent !
ü Ibiza - Iles Baléares (arrivée le 14 septembre 2002)
Peu avant l’arrivée à Ibiza nous attrapons enfin notre premier poisson à la traîne. Ce n’est pas trop tôt ! Une petite dorade coryphène délicieuse. Mouillage dans la baie d’Ibiza puis agréable promenade dans la ville ou règne une ambiance touristique très décontractée. Collation à la terrasse d’un bistrot : jamon y queso con vino blanco.
Le lendemain mouillage devant la Playa Salinas. Rencontre de pépé, un gitan joueur de flamenco qui vit là sur la plage… superbe !
ü Motril – Espagne (arrivée le 20 septembre 2002)
Escale de quelques jours dans ce petit port de commerce très tranquille mais un peu sale, en attendant que les vents d’ouest force 7 veuillent bien revenir à l’est. Dans ce mouillage gratuit et bien abrité sur fond de vase dure, nous avons la surprise de voir un sloop de 14 mètres déraper sur son ancre CQR de 25 kilos avec 50 mètres de chaîne ! Personne à bord… nous prenons en charge le bateau avec 2 voisins allemands, l’union fait la force. Ouf ! Rien de casser ! De retour, le propriétaire nous offrira un fameux vin italien dont on le remercie encore.
ü Carthagène – Espagne (arrivée le 17 septembre 2002)
Beau port un peu cher, très belle vieille ville. Vive le vélo pour en faire le tour !
ü Gibraltar (arrivée le 26 septembre 2002)
Nous arrivons à Gibraltar au petit matin dans une légère brume accompagnés par quelques dauphins. La tourterelle qui nous accompagnait depuis la veille, perchée sur les barres de flèche, fait un dernier tour de Chaka pour le remercier du transport et nous laisse devant le rocher. Zigzag entre les cargos au mouillage. Clearance au bureau de Marina Bay. Mouillage à côté de l’aéroport. Puis quelques courses chez Sheppard’s le shipchandler local, les prix ne sont pas aussi intéressants que ce qu’on en dit…
Ville propre, tranquille, sans bruit (saufs les avions au-dessus de nous toutes la journée) avec quelques très bons et pas chers restos indiens dans les ruelles des vieux quartiers.
· Tanger
Arrivée le 29 septembre 2002 dans la première ville du Maghreb de notre périple. Accueil très sympathique et efficace de l’administration marocaine. Quel plaisir de retrouver l’agitation, les senteurs, les couleurs, la vie riche et accueillante du Maroc. Se perdre dans les ruelles de la médina, rencontrer des gens pour qui le temps ne compte pas, converser autour d’un thé a la menthe… leur générosité d’âme, leur curiosité et plaisir de communiquer sont leur leitmotiv. Quel beau pays !
N’avez vous jamais rêvé de découvrir les ruines de Mogador et la ville d’Essaouira au levé du soleil dans une petite brume… Quel délice pour les sens ! Mais méfiance !!!! L’entrée du port n’a que 2 mètres d’eau à marée basse… Nous y entrons le 6 Octobre 2002.
Petit port de pêche très actif. Ca fourmille toute la journée de sardiniers qui vont et viennent dans ce port du XIII° siècle ou le passé et le présent se conjuguent à merveille entre les fortifications qui ont un petit look de St Malo et la médina riche d’odeurs et de couleurs.
Ne ratez pas le souk de poisson en plein cœur de la médina, vous aurez le plaisir d’y acheter votre poisson frais et de le faire griller sur place pour 6 dirhams seulement. Un vrai régal.
Si par hasard vous ne trouviez pas cet endroit, demandez votre chemin a Brahim, vendeur de jus d’orange à la sortie du port, qui connaît l’histoire de la ville mieux que quiconque et dont le cœur est aussi gros que le soleil qui vous chauffera toute la journée. Normal c’est un grand baroudeur jordanien qui a plusieurs langues a son actif…
Nous sommes arrivés de nuit, le 14 octobre 2002, le noir total, les astres nous avaient oubliés. Aucuns feux dans le détroit de moins d’1 mille de large entre les îles. L’entrée du port de La Sociedad n’est pas signalée non plus. Vive le GPS et le radar !
Petite île merveilleuse qui vaut largement le détour. Univers minéral ou rien ne pousse.
L’accueil chaleureux des pêcheurs, notamment de notre ami Domingo qui vous parlera avec beaucoup de plaisir de son île vous fera oublier l’agitation des grandes villes et l’absence de végétation et vous laissera dans la sérénité qui entoure cette île. Tout cela vous fera passer comme nous un excellent séjour.
21 Octobre 2002. Surprise! On retrouve Cathy et Yan de Cybele au mouillage de puerto Naos. Ils attendent les cours du CNED de Morgan et Kévin depuis plus d’un mois! Le colis contenant les cours de morgane aurait été perdu par la Poste!!! Mais leur mésaventure nous a permis de les retrouver là…
On trouve à peu près tout ce qu’il nous faut à Arrecife: gasoil, gaz, shipchandler, garagistes, avitaillement… entretien du moteur, suite et fin d’installation du navtex, avant d’entreprendre la traversée vers la Mauritanie et le Sénégal. Marie a un petit ennui de santé qui nous amène à repousser le départ et à rester là un peu plus longtemps. Alors on profite des amis au mouillage… Puis on a le plaisir de recevoir à bord Marie-Claude qui s’offre des congés aux Canaries…
Avec Marie-Claude, nous passons de très bons moments. Sont au programme: sorties en mer à la journée pour son baptême de voile sur l’atlantique, bronzage, farniente en sirotant una cerveza et découverte de cette île volcanique dont les plages immenses nous offre le plaisirs de goûter à la chaleur de l’océan au mois de novembre.
Merci à la famille de Brian pour leur invitation spontanée à participer à la fête et au repas donné en l’honneur de son baptême.
14 Novembre: coup de vent de NW et mer forte à très forte avec des creux de 4 à 5 mètres. Nous prévoyons de lever l’ancre pour la Mauritanie dès que les alizés de NE se rétabliront… en attendant Marie mitonne des pizzas que nous dégusterons avec un fameux vin rouge de Lanzarote !
Les deux derniers jours à Lanzarote sont l’occasion de préparer les rendez vous des mois a venir avec les amis connus sur place. Cybele et Lychen seront eux aussi au Sénégal pour les fêtes. Jean-Paul de Ianasha ira directement en Guyane via le Cap Vert. On le retrouvera, s’est promis, pour un rougail aux langoustes dont il a le secret entre les Caraïbes et la Nouvelle Calédonie…
· Traversée des Canaries à Nouhadibou
· Croisière dans le parc national du banc d’Arguin
Parti de Lanzarote le dimanche 17 à 10h00, nous arrivons à Nouhadibou le 22 novembre 2002 à 21h00, la traversée de 560 miles a durée 6 jours et 5 nuits, dont 30 heures de pétole par vents variables inférieurs à 5 nœuds et le reste au portant dans un confortable vent de nord est, maximum 25 nœuds, avec une mer agitée à forte et une belle houle de nord ouest de 2 à 3 mètres.
La navigation sous spi pendant plus de 48 heures a été un véritable plaisir et l’occasion d’affiné les réglages du pilote automatique en mode vent. Au 2ième jour de spi, par 25 nœuds établis, alors qu’on se disait «il est temps d’affaler le spi… » patatrac! Un grand bruit. C’est la poulie de renvoi du bras de spi qui vient d’exploser. Elle estime avoir rendu de bons et loyaux services et mériter sa retraite! Un bon ¼ d’heure plus tard on a ramassé le pépin et repris la route sous génois. Bilan de la mésaventure: 2 poulies HS, un chandelier plié et une écoute de spi aux oubliettes. C’était chaud mais sympa quand même…
Chaque jour de cette traversée, nous avons fait de sympathiques rencontres aquatiques. D’innombrables dauphins ont joués avec le sillage de Chaka. Nous avons aussi croisé un troupeau de globicéphales nonchalants et quelques tortues. Dont une malheureuse que nous avons réussi à libérer d’un déchet de la civilisation à la dérive dans lequel elle s’était empêtrée…
La pleine lune nous a accompagnée pendant cette traversée vers le sud du tropique du cancer. Le 4ième soir, dans une pétole quasi-absolu et une mer d’huile, la clarté de la lune nous a offert un fascinant spectacle de plancton marin aux milles reflets dans la vague d’étrave de Chaka.
A l’approche des côtes mauritaniennes, au large du désert saharien, on a rencontré d’impressionnante quantité d’oiseaux (ibis, sternes, pélicans et autres canards du coin …) certainement là pour pêcher puisqu’un d’entre eux a sérieusement lorgné un maquereau pris à la ligne de pêche qu’on remontait. Il a aussi fallu défendre vaillamment notre rapala des attaques de nombreux ibis, mais cela a été vain puisqu’on se l’est fait chaparder par un de ces oiseaux qui a plongé plus vite que Stan n’a remonté la ligne!
Arrivé à la tombée de la nuit à l’entrée de la baie du Lévrier et de ces bancs de sable (vivement déconseillé !…), nous nous sommes faufilées jusqu’au fond de la baie Cansado ou se trouve Nouhadibou. De nuit, l’entrée dans cette baie et son pseudo chenal ne sont pas balisées et, en plus de quelques hauts fonds sableux, la baie est un immense cimetière d’épaves!! Vers 21h00 nous mouillons par 4 à 5 mètres de fond dans ce décor fantasque entre épaves échouées et chalutier au mouillage pour un repos bien mérité…
Le lendemain, samedi 23 novembre, pied à terre pour les formalités. Les visas établis par le très flegmatique adjudant chef nous coûte 50 euros par personne!! Sans reçu bien sûr. Mais l’accueil est très sympathique et Sher, un sahraoui du coin, nous offre gentiment ses services pour surveiller le bateau à quai pendant nos balades à terre et nous aider à obtenir tout ce dont nous pourrions avoir besoin (gasoil a 101.4 ouguiyas soit 0.38 euros le litre, eau…).
Ici à Nouhadibou, nous retrouvons notre vieil ami Chaigar qui a décidé de nous accompagner dans notre excursion au Parc National du Banc d’Arguin puis jusqu’à Dakar. Il nous fait rencontrer Sidi Ouldnéma et sa famille. Sidi est Capitaine de la marine nationale, il nous facilitera la tâche pour obtenir les autorisations nécessaires à la navigation dans le parc du banc d’Arguin classé patrimoine mondial de l’humanité.
En effet toute forme de navigation et de pêche est interdite dans le parc, mais des autorisations sont délivrées au compte goutte par le conservateur du parc national et la délégation de pêche. Le parc national nous demande 1200 ouguiyas par jour et par personne plus un droit de passage de 3000 ouguiyas par jour pour le bateau. Après négociations avec le conservateur du parc, monsieur Mohamed Mahmoud écologiste dans l’âme et grand ornithologue, je paye tout cela avec un service informatique qui l’aidera à monter de nouveaux dossiers, pour notamment protéger de nouvelles zones fragiles comme par exemple la baie de l’Etoile au fond de la baie du Lévrier. Encore merci et bon courage à monsieur Mohamed Mahmoud !
L’indispensable Sidi, nous permet aussi de rencontrer le commandant Neman, maître principal de la marine nationale, qui a l’extrême gentillesse de nous fournir les renseignements ‘secrets’ qui vont nous permettre d’atteindre l’île d’Arguin au NE du parc, puis de le traverser vers le sud et le cap Timiris. Le commandant Neman nous fournit pas moins de 25 points GPS très précis grâce auxquels nous pourrons naviguer dans cette ‘zone non levée’ qui s’étend sur près de 180 km de long et 50 km de large, le long de la côte mauritanienne du cap Blanc au cap Timiris. Cette zone parsemée de bancs de sables et de vasières n’a que quelques canaux peu profonds praticables pour notre voilier. Pour donner une idée de la difficulté de cette navigation, je peux vous dire qu’a 50 km des côtes, l’océan n’a que 5m de profondeur, ou encore qu’ il y a 2 ans, un voilier s’y est échoué plus de 80 fois dans la même journée…
Sur l’île d’Arguin nous rencontrerons les Imraguens, cette population qui n’a pratiquement pas modifié son mode de vie depuis 5 siècles et qui pratique toujours une pêche très particulière. Seule autorisée dans l’enceinte du parc. Pour cette pêche pratiquée avec de petites barques à voile latine faites de façon artisanale, les Imraguens appellent les dauphins qui rabattent les bancs de mulets jaunes et de courbines vers les plages. Ils ne leur reste alors qu’a déployer les filets autour du banc de poissons prisonnier, ce qu’ils font à la nage… une tradition ancestrale et unique, pratiquée avec un grand respect des ressources naturelles et de l’environnement.
Le 27 novembre veille de notre départ de Nouhadibou, Sidi et Naha nous offrent un excellent repas typiquement sahraoui: lait caillé, couscous au mil et au chameau, thé à la menthe et pain de singe (TajMaht: excellente boisson sucrée faite à partir du fruit du baobab). C’est succulent.
Encore merci a Sidi sans qui la préparation de notre excursion dans le parc national du banc d’Arguin n’aurait probablement pas été possible. Sidi me fait dire aux amateurs d’espace naturels et de navigation en eaux peu profondes, de ne pas hésiter à le contacter pour les aider dans leurs démarches à découvrir ce parc. On peut le trouver à l’Ecole Nationale d’Enseignement Maritimes et de Pêche (ENEMP) de Nouhadibou: demander simplement l’Officier de marine Sidi Ouldnéma.
Vendredi 29 novembre, Chaka fait son premier mouillage en plein désert! En baie de Ste Anne, l’endroit est d’un calme absolu, devant nous s’ouvre près de 5000 km de désert saharien… un paradis pour les amoureux de plage tranquille et d’espaces sauvages. Un fort vent de nord-est soulève d’épais nuages de sable qui envahissent tout à bord, raidissent nos écoutes et réduisent la visibilité à seulement 2 miles.
Le lendemain, par 25 à 30 nœuds de vents dans une mer particulièrement hachée, nous nous faufilons dans le banc d’Arguin grâce au parcours fourni par le commandant Neman. Nous croisons d’énormes dauphins et peu avant la nuit nous mouillons face au petit village d’Agadir sur la petite île d’Arguin, par seulement 2.5 mètres d’eau à marée basse.
Là nous rencontrons les Imraguens et leurs superbes et très simples embarcations à voile latines. De nombreux enfants tournoient autour de Marie pendant que Stan palabre avec M’Barek le chef du village. Des gens très accueillants, d’une simplicité et d’une richesse d’âme aussi grande que leur vie est rude…
Les femmes recousent les voiles usées par le temps, mais elles manquent d’aiguilles, de fils et de tissus. Elles découpent les poissons pêchés par les hommes, raies et mulets jaunes, en épaisses tranches qu’elles font sécher au soleil. Quelques hommes réparent les filets. Les autres sirotent un thé avant le prochain départ pour la pêche…
Aux alentours du sable, du sable, toujours du sable et un véritable festival ornithologique: pélicans, cormorans, hérons, flamants, sternes royaux et une multitude d’autres zoziaux afférés à fouiller le sable à marée basse. On a aussi aperçu un chacal et il paraît qu’il y a des hyènes plus au sud, mais qu’elles sont très discrètes et difficilement observables….
Quel dommage que ce si beau pays est mauvaise presse chez les voileux car la baie du Lévrier est un petit paradis et un superbe plan d’eau qui mérite à lui seul le détour. De plus, l’accueil des mauritaniens est très chaleureux, ils aiment à recevoir et savent partager leur art de vivre. C’est un vrai plaisir que de les connaître et de les côtoyer. Nous aimerions rester plus de temps avec eux, mais la route vers le sud nous appelle, alors nous prenons la route au petit matin. Au revoir Mauritanie et à bientôt c’est sûr.
· Traversée du Banc d’Arguin à Dakar
· Le delta du Saloum et la route des fleuves jusqu’à Banjul
La traversée a durée un peu plus de temps que prévu faute de vents suffisamment établis et réguliers. Mais peu importe! Le plaisir de naviguer est toujours intense, les journées se succèdent sans vraiment compter, il nous faut même s’en référer au livre de bord pour mettre une date au jour.
Les dauphins sont toujours là, infatigables joueurs. La lune par contre était absente pendant ces 4 nuits de navigation plus noires que jamais sous un ciel souvent couvert. Dans les éclaircies nous découvrons un nouveau paysage céleste : Cassiopée et la Grande Ourse ont la tête à l’envers, l’étoile polaire commence à flirter avec l’horizon dans notre descente vers le sud au 14ième parallèle nord.
De vague en vague Chaka cours toujours paisiblement son voyage. En cuisine les pains frais et les petits plats se succèdent. Nous sommes toujours aussi mauvais pêcheurs puisque même dans les eaux Mauritaniennes réputées les plus poissonneuses du monde nous avons réussi à faire choux blanc! Rappelons pour notre défense que nous nous sommes fait piquer notre dernier rapala à notre barbe par un ibis téméraire…
Après 442 miles depuis le banc d’Arguin, et avoir finalement viré l’île de Gorée, nous mouillons à Dakar le 8 décembre 2002 à 05h00 du matin en baie de Hann face au Cercle de Voile de Dakar (CVD). Atmosphère lourde et humide, le contraste avec nos 2 mois précédents est saisissant et moite.
Quelques heures de repos et nous émergeons pour découvrir notre nouvel environnement. Quelle merveille!! Enfin de la verdure et des fleurs partout! Ça existe… Et ça excite nos sens et nos papilles qui nous mènent droit au bar pour une Flag bien fraîche sur la plage avec une mer claire à 25°.
Le CVD est très accueillant pour les yachties. Club collectif pas cher ou tout est à disposition : sanitaires, cuisine, laverie, machines à coudre les voiles, atelier mécanique, mise à sec possible, bateau taxi, hamacs sous les cocotiers… et évidement le bar et plein de baroudeurs près à partager leurs histoires et leurs compétences.
Nos premières rencontres au hasard de la promenade dans Dakar sont prometteuses. Une bière, du chant, de la musique et une leçon de djembé nous font déjà savourer la nonchalance sénégalaise et le bonheur du partage… vive l’Afrique!
Nous passons 15 jours très agréables à Dakar, à la découverte de la ville, des gens et de leur pays ou les ethnies sont nombreuses. Thieboudiem ou maffé à pratiquement tous les repas, copieusement arrosé de Bissap (sirop de fleur d’hibiscus) ou de jus de Bouye (fruit du baobab) chez Aïda et Yacine, très bonne cuisinière et parfait prof de wolof.
Nous avons assisté à la course de pirogue de l’année au village de pêcheur de Hann ou les quartiers se disputaient la coupe sous les encouragement d’une foule très enthousiaste, c’était magnifique. Chaque soir nous recevait avec ses soirées merveilleuses ou les rythmes envoûtant du djembé entraînaient les femmes dans des danses endiablées et nous révélait la sensualité africaine.
Visite de Gorée, île marquée par des siècles d’esclavage, néanmoins tranquille ou le prince Agha Khan y possède un magnifique refuge . Un joli petit port entouré de belles plages au sable blanc, plein d’artistes, de petites boutiques, de restos et de touristes nous font découvrire la ville en marchant sur un sable chaud jaune, blanc . Et bien sur, toujours en musique…
Nous arrivons à Djifere, à
l’entrée du fleuve Saloum le 26 décembre. 1er mouillage sur le
fleuve. Beau cadeau de Noël que nous nous sommes fait. L’endroit y est très tranquille et super sympa. Village
de pêcheurs entouré de palétuviers, de plages et d’énorme tas de coquillages
vide et d’étalages de poissons séchés seul ressource locale. On y rencontre
des gens très accueillants et généreux qui deviennent très vite des amis,
on partage le « Thié bou diem », les trois thés et les soirées avec
Pinta, Karal, Tapha et leurs amis.
Ensuite, la navigation dans
le delta du Saloum et ses entrelacs de bolons (bras de mer), de mangroves
et de bancs de sable est un sympathique casse tête de jonglerie entre courants
de marées et hauteurs d’eau. Les seuls soucis que nous ayons,
consistent à choisir nos repas :
coques, huîtres de palétuviers et poissons à volonté… et à profiter de cet
environnement splendide au rythme des marées dans des mouillages de rêve au
milieu des palétuviers et des vols incessants de pélicans, hérons, balbuzards,
aigles pêcheurs, sternes royaux, vautours…
D’un mouillage à l’autre nous remontons le fleuve Saloum jusqu’à l’île au Diable, puis après un slalom entre les bancs de sable à l’entrée du marigot de Sangako nous rejoignons la rivière Diomboss par le bolon Labor, et enfin atteignons la rivière Bandiala avec ses lacets et parfois à peine 2 mètres d’eau. Là, nous faisons une escale prolongée au village de Toubacouta devant l’hôtel Keur Saloum tenu par les très sympathiques Alain et Simone qui proposent chasse, pêche et photos animalières dans un décor de rêve.
En ce début d’année nous restons plus d’une semaine pour savourer ce village de Toubacouta ou la vie est tranquille et l’accueil très chaleureux… La téranga (hospitalité) sénégalaise est une réalité que nous apprécions chaque jour avec entre autre Tipa et sa petite sœur.
Très bonne Année 2003 Santé et Paix a tous.
Plus loin sur la rivière Bandiala, un paradis sur terre, l’adorable petit village de Sipo. La sérénité est toujours présente et la téranga sénégalaise nous fait de nouveau goûter au thié bou diem autour d’ un feu qui réunit chaque soir les gens du village pour le repas et la palabre accompagnée par les cris des hyènes dans la brousse alentour.
Fatou, l’incontournable reine du village de Sipo nous accueille et nous présente son village. Les puits, l’immense potager, le verger qui regorge de papayes, mangues, bananes et noix de coco nous impressionne. Tout est clair, défriché et arrosé régulièrement à la main et pied par pied.
Cette septuagénaire, ne refuse jamais une cigarette, tant elle est habituée au tabac mauritanien. Ses rires spontanés et sa façon de gérer le village en font une femme extraordinairement jeune.
A Sipo, nous aidons Mounir à construire sa case, il nous prépare un excellent Thié bou diem et nous le partageons autour du feu avec Modou le boulanger, Sidi l’ingénieur et Moussa le businessman qui a un beau projet de construction d’un petit campement touristique dans un parfait respect de l’environnement et des traditions. Le lendemain matin avant notre départ, nous préparons le pain frais dans le four du village avec Modou.
Puis les adieux fait nous continuons a descendre le Bandiala vers son embouchure et l’étroite passe vers l’océan par 2 a 3 mètres de fond entre les rouleaux. Passage impressionnant et rude pour les nerfs entre courants, sondeur et cartographie imprécise! Tout se passe très bien et nous retrouvons avec plaisir la houle atlantique pour quelques dizaines de miles jusqu’à Banjul à l’entrée du fleuve Gambie.
· Banjul
· Remontée du fleuve Gambie de Banjul à Georgetown (Janjanbureh)
Arrivés à Banjul le dimanche 12 janvier après-midi, nous mouillons entre le port de commerce et le cimetière d’épaves dans l’attente de l’ouverture des douanes et autres services officiels le lendemain matin. Il nous en coûte 350 dalasis (15 euros) par personne pour un visa de 28 jours, 150 dalasis d’autorisation de remonter le fleuve Gambie et une poignée de dalasis pour nous faire confectionner un drapeau gambien.
Nous décidons de rester 1 ou 2 jours dans cette ville dont nous faisons le tour en quelques heures, pour faire connaissance avec ce pays anglophone le plus petit d’Afrique, faire quelques approvisionnements au grand «Albert Market» et profiter des cyber café pour reprendre contact avec la famille et les amis!
Nous arrivons à Georgetown le 22 janvier après une petite semaine de navigation au rythme des marées pour remonter le fleuve sur 240 km depuis Banjul. L’essentiel s’est fait au moteur car en général les vents ont été de secteur Est le matin (donc de face), puis très faibles l’après midi.
Chaque jour nous avons mouillé dans des creeks (bolons ou bras de mer…) de plus en plus féeriques, de Jurunka en passant par Sankaia et Karantaba. La végétation très dense et la sensation d’isolement des abords du fleuve sont trompeuses, elles cachent l’aridité de la brousse et l’affairement des paysans dans les rizières en cours de récolte à seulement quelques dizaines de mètres.
Nous avons longé de magnifiques collines rouges, et des plateaux arides à perte de vue dont les baobabs desséchés sont aussi grands que la faim dans le monde. Au fil des jours l’eau devient douce, les dauphins ne nous accompagnent plus, la diversité des espèces végétales s’agrémente d’espèces animales, le mouillage parmi les hippopotames n’est pas sans quelques craintes mais splendide. Nos mouillages préférés sont celui de Bird Island au pied des collines de Kassang, et celui au sud de Kai-ai Island au pied d’une superbe forêt de 20 a 25 mètres de hauts remplie de singes curieux, d’oiseaux aux couleurs flamboyantes du bleu turquoise et blanc au rouge fluo et noir et aux cris variés nous donnant l’impression d’être au milieu d’une volière.
Dans cette ambiance, les fins de journées consistent souvent à savourer la descente du soleil et les derniers souffles brûlants de la brise, en observant tout ce petit monde prendre ces quartiers de nuit dans un vacarme tumultueux pour petit à petit laisser place au silence de la nuit, aux moustiques, moutmouts et autres tsé-tsé…
Anecdote: attirés par la beauté de cette nature, un soir, nous nous sommes égarés, enfin nous avons perdu notre chemin dans cette végétation luxuriante. Cela nous a valu une longue et bien agréable marche de nuit. Une fois que la lune a bien voulu apparaître... nous avons enfin retrouvé le bateau !
La descente du fleuve offre de très beaux moments de voile ou Chaka glisse entre les berges du fleuve porté par une belle brise et laisse tout le temps d’admirer paysages et faune.
Marie ayant choisie de débarquée à Georgetown. Pour cette descente du fleuve Gambie je suis accompagné de Lutz & Manuela, un couple d’allemand rencontré à Georgetown. Lutz & Manuela, passionnés d’ornithologie, sont enchantés par leurs 3 jours à bord de Chaka de Georgetown au campement de Tendaba pendant lesquels ils s’adonnent au « Bird Watching ». Ils ont profités de cette superbe promenade pour ajouter à leur collection quelques nouvelles espèces d’oiseaux qu’ils n’avaient encore jamais observés et quelques centaines de très beaux clichés… Ce fleuve est vraiment exceptionnel pour le nombre d’espèces d’oiseaux que l’on peux observer (près de 500!), et le voilier est un moyen idéal pour les approchées pendant la navigation et au mouillage du couché au levé du soleil.
A Tendaba un petit safari photo me donne l’occasion d’apercevoir des phacochères.
Ensuite je continue la descente du fleuve jusqu'à Banjul en compagnie d’un
couple d’américains rencontré à Tendaba. Pour leur «vagabondage de noce» en
Afrique de l’Ouest, Marc & Jenny, écrivain et avocat, préfèrent une belle
journée de voile et de détente à bord de Chaka aux 5 heures de taxi-brousse
nécessaires pour rejoindre Banjul et leur avion de retour vers New York… Marc
et Jenny ont adorés la balade.
Le samedi 15 février 2003 Chaka mouille à Oyster Creek, un bras de fleuve qui constitue un mouillage très sûr à seulement 10 km de Banjul. Là, quelques voiliers et pirogues sont en parfaite sécurité sous l’œil averti d’une très sympathique équipe de gambiens : Baba, Ali, Omi, Ousman, Hassan et tous les autres…
Depuis le mois de février 2003, Marie & Stan ont choisi
de rester en Afrique de l’Ouest mais aussi de séparer leurs routes. Il y a
beaucoup à dire et éventuellement à écrire sur les causes, les pourquoi et les
comment de cette séparation mais je ne le ferais pas ici. J’ai seulement envie
d’écrire ici, qu’ensemble, Marie et moi, nous avons souvent rêvé ensemble le
rêve pour qu’il advienne. Nous y avons mis nos moyens, notre énergie et notre
amour. Et il est advenu, ce rêve. Et le grand voyage a commencé. Une vie
différente, avec ses ajustements, ses adaptations, ses acclimatations. Ou
souvent on a choisi un chemin parmi de nombreux possibles. Le chemin
d’aujourd’hui, même s’il est douloureux pour le couple et hésitant par moment,
nous grandira. Car c’est aussi celui d’un vieux rêve, de quelque chose qu’on a
toujours voulu faire. Quand on sent que c’est là il faut foncer non?… Comme l’a
dit un certain Bouvier « un jour quelques chose vous pousse à larguer
les amarres et le voyage commence… »
Marie ayant mis pied à terre en Gambie à Georgetown depuis Février, avec la détermination et l’énergie qu’on lui connaît, en association avec un ami gambien, elle a ouvert au bord du fleuve un joli petit bar resto et le campement de ses rêves était en construction. Mais les évènements et le fil de la vie en ont décider autrement! Son resto marchait déjà très bien, la bière était fraîche, la nourriture excellente et les soirées musique chaleureuses. Mais les problèmes que Marie a rencontrée l’ont obligée à abandonner ce très beau projet pour finalement rentrer en France le 25 Octobre 2003…!
Quant à Chaka et moi, un peu KO, nous avons pris le temps de la réflexion pour choisir un nouveau cap à suivre… nous nous sommes doucement remis de cette séparation en vagabondant entre Sénégal et Gambie. On s’est un peu retrouvé en manque de navigation au long cours, mais on se plait énormément en Afrique de l’Ouest. La vie y est douce et agréable. Le terrain de jeu maritime est immense et varié entre le Sénégal, la Gambie, la Casamance, les Bijagos et le Cap Vert tout proche.
Ces derniers mois, entre autres grands moments, j’ai découvert la douceur et la tranquillité de la Casamance en compagnie de Mama. Nous y avons retrouvé ses 2 enfants, Kebah et Abdousalam, qu’elle n’avait pas vu depuis près de 2 ans. Ils vivent avec leur père, sont en pleine forme et ont une vie paisible dans le joli village de Thionk-Essyl.
Ensuite, pendant l’été 2003 mon fils Nicolas m’a fait l’immense plaisir de me rejoindre pour 1 mois et demi de vacances africaines. A Dakar son ami Hassan l’a aidé a découvrir les charmes de la ville et de la vie sénégalaise. Puis, Marie nous a rejoins pour une petite croisière jusqu’en Gambie ou Nicolas a pu perfectionner la langue anglaise, pêcher du maquereau-bonite, donner des cours de mikado (ce jeu ou le premier qui bouge a perdu…) et s’adonner a tout un tas d’autres jeux bien de son age…
A partir de Dakar j’ai souvent l’occasion de faire de belles balades à la voile autour de la presqu’île du cap vert, ou vers la petite côte ou le fleuve Saloum. Je fait aussi de grandes randonnées en moto dans la région avec un 600 Ténéré un peu fatigué mais très efficace par ici.
Puis fin 2003, la grosse saison touristique approchant, je fait un lifting à Chaka et créé une société sénégalaise pour exercer sereinement mon métier de skipper. Le bateau est fin près et les clients arrivent, ensemble nous allons bien nous amuser…